Pourquoi le PRCA ?

Les centres anciens, une richesse de la Tunisie mais…

La Tunisie dispose de nombreuses médinas et quartiers anciens historiques qui constituent un important patrimoine culturel, architectural et immatériel en même temps que le lieu de vie de nombreux urbains. Cependant, ces quartiers que nous nommons centres anciens sont aujourd’hui soumis à des processus de décroissance démographique, de dégradation immobilière, de paupérisation sociale et de marginalisation économique qui les menacent en tant qu’héritages patrimoniaux et historiques et lieux de dynamiques urbaines, économiques et sociales.

De nombreux immeubles sont insalubres. Certains menacent ruine et d’autres sont abandonnés en raison des méfaits de l’indivision et des obstacles à l’immatriculation. Les propriétaires sont impuissants à entretenir leurs biens immobiliers en raison de la faiblesse des loyers et les locataires sont par ailleurs incapables de payer régulièrement. Dans ces conditions, les maisons traditionnelles des médinas sont louées à la pièce et transformées en oukalas. Les anciens immeubles des quartiers européens se dégradent faute de capacité ou de volonté pour les entretenir.

A l’origine cœur des villes, ces centres anciens ont perdu leur rôle économique stratégique. Ils accueillent au mieux des commerces qui distribuent souvent des produits banalisés et attirent difficilement quelques touristes qui viennent consommer des produits « folklorisés ». Les citadins s’y rendent de moins en moins face à la concurrence des autres pôles commerciaux et économiques de la ville.

Des études et des expérimentations…

Des actions de réhabilitation et de mise en valeur se voient aujourd’hui nécessaires et urgentes pour la régénération de ces tissus et leur intégration aussi bien urbaine que socio-économique.

Il est à noter que des efforts dans ce domaine ont été entrepris depuis des décennies tant par les institutions publiques telles que l’Institut National du Patrimoine, l’Agence de Réhabilitation et de Rénovation Urbaine (ARRU), l’Agence de Mise en Valeur  du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC), que par les collectivités locales ou encore par les Associations de Sauvegarde des Médinas (ASM) et également par la population elle-même, mais ces actions restent cependant bien en-deçà des besoins réels de réhabilitation, de préservation et de régénération de ces centres anciens.

Depuis vingt ans, des études et des expériences ont été menées par les différents ministères chargés des collectivités locales, de la culture et du patrimoine, de l’urbanisme et de l’habitat, du tourisme et de l’artisanat. Elles ont permis de murir le principe d’un programme ambitieux sur les centres anciens.

…vers une politique nationale

Pour concrétiser cet ensemble d’efforts et de préoccupations, il s’avère indispensable de procéder à l’opérationnalisation de toutes les recommandations issues des études préparatoires et convenues dans les différents ateliers de concertation. A cette fin, le Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire a inscrit le Programme de Régénération des centres anciens (PRCA) en Tunisie dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2016-2020 visant la réalisation d’au moins cinq opérations de régénération des centres urbains anciens. Ce programme s’inscrit dans la continuité (i) des quatre opérations pilotes de réhabilitation d’une partie des infrastructures de quatre médinas (Tunis, Sfax, Sousse, Kairouan) financées dans le cadre du Programme National de Requalification Urbaine (PNRU), (ii) de la Conférence Exécutive pour la réalisation du projet Médinas 2030 « Réhabilitation de l’Habitat Ancien et Régénération Urbaine des Centres Historiques de la Tunisie» du 5 juin 2015 et (iii) des études soutenues par l’AFD sur le dispositif (cadre juridique, institutionnel, financier etc.) d’intervention à mettre en place. Le PRCA a pour ambition de renforcer l’approche globale des interventions dans les centres urbains anciens, en visant leur réhabilitation mais aussi leur intégration économique et sociale.